Tout au long des XVIIIe et XIXe siècles, des familles d’Algonquins et d’Iroquois reviennent sur le territoire des Weskarinis au moment où la rivière des Outaouais devient l’artère principale du commerce de la fourrure. Des postes de traite seront notamment établis à l’embouchure des rivières de la Petite Nation et du Lièvre.

Une seigneurie favorable à l’industrie

C’est en 1807 que débute véritablement la colonisation de la région par les Européens. Un groupe d’Écossais s’établit à l’ouest, près de la rivière Blanche. À l’est, la famille Papineau, qui a acheté la seigneurie de la Petite-Nation des Sulpiciens du Séminaire de Québec, accueille les 19 premiers colons canadiens-français sur les rives de la rivière des Outaouais. Denis-Benjamin Papineau, deuxième fils de Joseph et frère de Louis-Joseph, coordonne leur établissement. Les Papineau s’associent à des entrepreneurs forestiers anglophones qui exploitent la scierie de Sault-de-la-Chaudière, près de Plaisance. Le Sault-de-la-Chaudière est l’une des chutes les plus spectaculaires de l’Outaouais avec des eaux qui s’engouffrent dans un chenal rocheux étroit pour retomber 67 mètres plus bas. La petite localité industrielle de North Nation Mills se développera autour de la scierie et vivra au rythme de l’industrie du bois de sciage pendant plus d’un siècle. Le site est aujourd’hui devenu le parc des Chutes de Plaisance. Le Centre d’interprétation du patrimoine de Plaisance, situé dans l’ancien presbytère du village, présente une exposition permanente intitulée Parcours d’eau portant sur l’histoire régionale de la Petite Nation et de la Lièvre.

Un village né de la plume d’un Papineau

En 1822, les Papineau érigent un deuxième moulin à farine sur un ruisseau qui attirera de nouveaux censitaires. Comme le statut du fief seigneurial ne permet que la location des terres, les colons intéressés sont surtout des Canadiens français, les immigrants américains et britanniques étant moins enclins à opter pour un système qui leur interdit de devenir propriétaires. Vers la fin des années 1840 naît un véritable village autour de la scierie dont Denis-Benjamin Papineau tracera et nommera les futures rues en 1853, tandis que s’élève une église devant laquelle il prévoit une place publique. Papineauville est né. Un circuit patrimonial permet aujourd’hui d’en apprendre plus sur son histoire.

Construction du manoir Papineau

En 1846, Louis-Joseph Papineau entreprend à Montebello la construction d’un manoir très élégant. Âgé de près de soixante ans, il a connu une carrière politique bien remplie. Son leadership dans la rébellion des patriotes de 1837 l’a obligé à s’exiler aux États-Unis et en Europe pendant plusieurs années et il souhaite en rentrant se consacrer au développement de la seigneurie qu’il avait achetée de son père en 1817. En plus du manoir, Papineau souhaite la naissance d’un village constitué de « rues larges et ornées d’arbres ». Il lui donnera le nom de Montebello, celui d’un duc rencontré lors de son exil en France. À sa mort en 1871, le village compte magasin, artisans, médecin et couvent. En 1877, un chemin de fer reliant Hull à Montréal vient accentuer le développement de la région. Le bois est maintenant acheminé par train aux États-Unis plutôt que par radeau et bateau vers l’Angleterre. Au début du XXe siècle, le village compte une importante scierie et s’éclaire à l’électricité.

Construction du Château Montebello

En 1929, la construction du Château Montebello lance la région sur la voie du tourisme. Le domaine seigneurial de Montebello a été acquis par un riche Américain qui en fait un club privé de chasse et de pêche réservé à une élite. Le château en bois rond du Seigniory Club est construit en un temps record sous la direction de Victor Nymark, son chef de chantier finlandais, avec des billes de cèdre rouge venues en train de la côte ouest. En quatre mois s’élèvent un gigantesque château en bois rond et son garage attenant au cœur du domaine Papineau. Avec ce qui reste de bois, on construira également une gare ferroviaire. En 1970, le centre de villégiature change de mains et de nom en devenant le Château Montebello qui s’ouvre au grand public et à une série de rencontres internationales prestigieuses. Devenu lieu historique national, le Manoir Papineau, quant à lui, permet aujourd’hui aux visiteurs d’admirer d’authentiques décors d’époque dans les bâtiments classés et de découvrir plusieurs personnalités l’ayant habité ou fréquenté.

Un arrière-pays de lacs et de villégiature

En 1955, l’après-guerre n’apporte pas à la région la prospérité dont jouissent d’autres parties du Québec et le développement du réseau routier de la région est lent. Si l’exploitation forestière se poursuit, la villégiature prend de l’ampleur. Pendant l’été, touristes et villégiateurs de Montréal viennent profiter des lacs du nord du territoire : lac des Plages, lac Simon, etc. Dans les années 1970, une dernière vague de nouveaux arrivants déferle pour un retour à la terre alors à la mode. Ces artisans, artistes, maraîchers et professionnels viennent enrichir la culture régionale. Le Musée des pionniers retrace l’histoire de la région et offre un parcours patrimonial à travers le village. Vers le nord, le magnifique lac Simon doit son nom à des familles autochtones établies sur ses rives et sur son île centrale dans les années 1820 pour y pratiquer la chasse. L’une des familles, Cimon, donne son nom au lac tandis qu’une autre, Canard Blanc, donne son nom à l’île. Cette île, accessible uniquement par bateau, compte plusieurs panneaux d’interprétation dont un dédié au rocher Manitou, seul site de peintures rupestres autochtones en Outaouais (avec le rocher à l’Oiseau du Pontiac). Le village de Chénéville, sur ses rives, deviendra une municipalité à part entière en 1903 et un important centre de villégiature au cours du XXe siècle.